Cristina Galbiati est née en Italie en 1973 et vit au Tessin depuis 20 ans. Directrice, performeuse et artiste indépendante, elle est cofondatrice de TricksterP, un projet artistique pluridisciplinaire basé à Novazzano et à Lugano. Parmi ses travaux, on trouve des performances, des déambulations et des installations présentées dans plus de 20 pays en Europe, en Asie, en Austalie, en Amérique du Nord et du Sud telles que Book is a Book is a Book (2020), Nettles (2018), Twilight_choreography for the dying light (2016), Sights (2014), B (2012), .h.g. (2009), Come una preghiera (2007), La vita avvertenze e modalità d’uso (2006). Sa poétique invite les spectateurs et spectatrices à ouvrir leur espace perceptif et à créer leur propre réalité aux frontières entre la vision intérieure et extérieure. Avec son partenaire artistique Ilija Luginbühl, elle a reçu en 2017 l’un des prestigieux Prix suisse du théâtre.
Maria Da Silva: Après des études en Cinéma et Sciences sociales, Maria Da Silva collabore avec diverses compagnies de théâtre comme assistante et dramaturge tout en menant des activités de médiation culturelle. Diplômée du master mise en scène à la Manufacture de Lausanne, elle y développe plusieurs propositions à partir d’enquêtes du réel. En 2017, elle participe au Forum des jeunes lors des Rencontres du théâtre suisse, puis est invitée aux Rencontres internationales de la mise en scène à Paris. En 2018, elle effectue un stage avec Tiago Rodrigues à Lisbonne et met en scène le spectacle pluridisciplinaire Tout à Verlan au Théâtre du Grütli à Genève. Sa pratique artistique traduit son goût pour l’hybride, le collage, le bout de ficelle, l’incongru. Elle cofonde le collectif Dénominateurs Communs avec le paysagiste Nicolas Dutour. Leur travail artistique questionne l’art et le territoire en imaginant des dispositifs qui mettent en scène la relation du vivant à son milieu. Ils mènent actuellement à la Manufacture une recherche création autour des dramaturgies du paysage hors les murs et in situ.
Projekt
Le temps m’obsède. C’est quoi ce temps qui impose un passé, un futur, un âge, des heures, une mesure, un rythme, des cadrans ? J’ai grandi sous le diktat que le temps c’est de l’argent. Qu’il ne faut pas le perdre ou le dépenser. Qu’il faut courir après, qu’il est précieux, qu’il nous est compté. Le temps n’est pas gratuit. Il a une valeur. Même l’art n’y échappe pas. Un spectacle c’est du temps, donc de l’argent. Imaginons. Et si, littéralement, je tue le temps, suis-je, inéluctablement, face à l’ennui ?
Ralentissons. J’imagine une femme. Rosangela. J’imagine son corps vieillissant. Hors norme. Sa vieillesse, c’est sa force. Sa fragilité, sa vitalité. On la croit seule et voilà qu’elle est double. Une autre Rosangela, d’un autre âge, d’un autre temps. Ici et maintenant. Deux Rosangela. Monstres captivants. Un mythe vivant. Ensemble, elles vont m’aider à « tuer le temps ».