Marina Skalova est poète, auteure de théâtre et traductrice littéraire. Après le recueil bilingue Atemnot (Souffle court) paru chez Cheyne éditeur, lauréat du Prix de la Vocation en Poésie en 2016, elle publie Amarres chez l’Age d’Homme en 2017 puis Exploration du flux dans la collection Fiction & Cie au Seuil en 2018, un flux d’écriture musical, poétique et politique. Dramaturge et auteure en résidence au théâtre POCHE/GVE pendant la saison 2017-2018, elle écrit la pièce La chute des comètes et des cosmonautes, publiée chez l’Arche éditeur en 2019. Son travail a été distingué à plusieurs reprises, notamment par une bourse d’écriture de Pro Helvetia et une bourse du Literarisches Colloquium Berlin en 2018, une bourse de résidence Pro Helvetia à Moscou et une bourse de création de la fondation Landis & Gyr en 2019. Depuis 2014, Marina Skalova anime régulièrement des ateliers d’écriture, auprès de publics variés. Elle propose d’accompagner des projets d’écriture en poésie, en prose et en théâtre, ou à l’interstice de ces genres. Elle est attentive à la composition, au travail de la langue, à la rencontre d’éléments visuels, sonores et rythmiques qui créent l’atmosphère et la mélodie d’un texte.
Henri Michel Yéré est un poète ivoirien et suisse né en 1978 à Abidjan. Il a publié deux volumes de poésie : Mil Neuf Cent Quatre Vingt-Dix (Panafrika) et La nuit était notre seule arme (L’Harmattan), tous les deux parus en 2015. Mil Neuf Cent Quatre Vingt-Dix a fait partie de la sélection du Prix CoPo 2016 (France) et de celle du Prix Ivoire d’Expression Francophone 2016 (Côte d’Ivoire). La nuit était notre seule arme a reçu une Mention spéciale du Jury du Grand Prix National Bernard Dadié du Jeune Écrivain, également en 2016. Les poèmes de Yéré ont été traduits en allemand et publiés sur le magazine en ligne Stadtsprachen (stadtsprachen.de/en/author/henri-michel-yere). Docteur en histoire contemporaine, Yéré a étudié en France, en Afrique du Sud et en Suisse. Yéré vit à Bâle, où il est enseignant-chercheur. Marié, il est le père de deux enfants.
Progetto
Dans ce projet, deux langues issues d’une matrice commune entraient dans un dialogue dont la toile de fond était la ville d’Abidjan. Les poèmes saisissaient des pans de vie, des souvenirs d’épreuves et la rage de vivre d’une jeunesse qui ramasse les morceaux du monde à sa portée pour en faire langue. Les poèmes ont chacun été écrits en version bilingue, mais dans un bilinguisme qui se situait à l’intérieur d’une même langue, la langue française. Ce bilinguisme – ivoirien-nouchi – ouvrait le langage à de nouveaux lieux, qui avaient une vie propre dans le langage parlé, mais encore au seuil de la vie littéraire. Le nouchi, argot de la rue abidjanaise, apparu dans les années 1970, a connu ses heures de gloire dans la chanson et la musique ivoiriennes. Le nouchi existe en parallèle avec une langue française pratiquée spécifiquement en Côte d’Ivoire (que j’ai appelée ici l’ivoirien), une langue qui a trouvé son propre terrain d’entente avec la grammaire, et qui a gardé l’oreille ouverte sur la multiplicité linguistique d’un pays qui compte une soixantaine de langues et de dialectes. C’était une célébration de la présence d’une infinité de langues en une seule à laquelle j’ai consacré ce Livre de Palabres.