Une athlète de haut niveau, et qui plus est, en escalade. Amruta Wyssmann n’arrive pas encore à réaliser qu’elle représentera la Suisse aux Championnats du monde à domicile.- «C’est irréel, tout s’est passé tellement vite», explique-t-elle. «Il arrive bien souvent que je me dise: mais qu’est-ce que je fais ici?»
Lorsque nous la rencontrons, Amruta, ou Amy, comme ses amis de la salle d’escalade l’appellent, est en pleine séance photos pour un calendrier. Cette Grisonne de 30 ans est l’ambassadrice suisse de handi-escalade, c’est-à-dire l’escalade pour personnes en situation de handicap.
Grimper avec un seul bras
Quand elle escalade sans effort les murs de la salle de près de 20 m de haut, on ne s’aperçoit de rien: Amruta est venue au monde sans avant-bras gauche. «Je ne me suis jamais sentie handicapée», dit-elle. «Mes parents m’ont toujours dit que je pourrais tout faire.»
Enfant, c’était un garçon manqué: elle jouait au unihockey avec ses copains et s’amusait à grimper aux arbres. «Je n’étais pas très douée pour ça et j’avais souvent des bleus aux genoux», se souvient-elle en riant. Amruta s’en donne à cœur joie dans les montagnes proches, surtout en hiver. «Quand je fais du snowboard, je suis dans mon élément.»
Liebe auf den zweiten Blick
Lorsqu’elle déménage en plaine, la Bernoise d’adoption découvre l’escalade. «Au début, je ne savais pas trop si ça allait me plaire. Mais, par la suite, j’ai bien accroché.» Amruta commence alors à passer la majeure partie de son temps libre dans la salle de grimpe.
Et puis la pandémie est arrivée. «Peu après le premier confinement, on m’a demandé si je ne voulais pas participer aux Championnats du monde de handi-escalade.» À ce moment-là, il n’y avait pas encore d’équipe nationale suisse pour les Mondiaux à domicile, à Berne.
J’ai développé une ambition que je ne pensais pas connaître un jour.
Amruta Wyssmann handi-escaladeuse
Objectif: la finale des Championnats du monde
«Pendant les neuf premiers mois, j’étais seule et j’ai appris à escalader à l’aide d’une corde.» Ensuite, d’autres athlètes, femmes et hommes, sont arrivés après plusieurs stages d’entraînement. «Nous sommes une douzaine aujourd’hui», annonce Amruta avec fierté, qui a pu entre-temps se frotter un peu à la compétition internationale.
Elle se sent bien dans le handisport. L’ambiance familiale lui donne des ailes. «J’ai développé une ambition que je ne pensais pas connaître un jour.» Aux Championnats du monde, elle aimerait percer dans les 4 premières et aller en finale.
Renforcer la visibilité
Pour l’entraînement en salle, aucune différence n’est faite. Amruta escalade les mêmes blocs que les autres athlètes. «Dès que j’enlève mon pull, tout le monde me regarde, évidemment.»
Mais aujourd’hui, elle laisse glisser ces regards sans y prêter attention. Elle travaille depuis longtemps dans le service, et a toujours préparé les cocktails et porté les plateaux tout comme ses collègues valides.
«Mais le sport m’a donné encore plus confiance en moi et réveillé mon esprit compétitif. Je me suis dit que j’en étais aussi capable et que je ne devais pas me cacher.» Renforcer la visibilité en étant plus inclusif: Amruta Wyssmann vit son rêve grâce à l’escalade.
Femmes en montagne
Amruta Wyssmann a offert ses premiers chaussons d’escalade au Musée Alpin Suisse, à Berne. Le Bureau des souvenirs retrouvés du musée montre différents objets ayant appartenu/appartenant à des femmes suisses, célèbres ou anonymes, pratiquant l’alpinisme et l’escalade dans le cadre de l’exposition Femmes en montagne. Une incursion passionnante dans l’histoire de l’alpinisme au féminin. Le projet est rendu possible grâce au soutien du Fonds pionnier Migros.
Infos: alpinesmuseum.ch
Photos: Hugo Vincent
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