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Parler la langue, clé de l’intégration

Texte

Michael West

Eine Gruppe von Personen in einem Schulzimmer

Les cours que Brigida Nold donne à l’École-club Migros sont autant de portes qu’elle ouvre: cette enseignante expérimentée initie en effet les migrant-es à la langue allemande, leur faisant ainsi cadeau d’un bout d’appartenance à leur nouvelle patrie.

Tables disposées en fer à cheval, tableau blanc au mur et grande fenêtre avec vue sur des façades d’immeubles et un peu de ciel: la salle de classe n° 431 est des plus sobres. Cette salle située au quatrième étage de l’École-club Migros jouxtant la gare de Winterthour est pourtant le lieu de grands espoirs: celui, pour ses élèves, de se faire une place en Suisse, d’y trouver une véritable patrie et de mieux gérer le quotidien. 

Brigida Nold, 61 ans, une enseignante expérimentée, y assure le cours «Deutsch Plus». Les douze élèves adultes qui composent sa classe viennent de différents pays – notamment Italie, Kosovo, Bangladesh ou République dominicaine – et ont entre 25 et 61 ans. Tous les membres du groupe ont en commun une connaissance encore sommaire de la langue et la volonté chevillée au corps de remédier à cet état de fait. 

L’humour plutôt que le bachotage

Au long de 60 leçons réparties sur quatre semaines, Brigida Nold essaie de rapprocher de cet objectif les hommes et les femmes confié-es à sa charge. À cette fin, elle mise sur l’enrichissement du vocabulaire plutôt que sur la grammaire, auquel elle n’attache ici qu’une importance secondaire. Les jeux de rôle forment une part importante des cours – de l’entretien d’embauche au rendez-vous chez le médecin en passant par les visites au supermarché, différentes situations sont mises en scène.

Mais cette description plutôt factuelle ne rend que faiblement compte de son enseignement: «Le plus important, c’est que l’ambiance soit détendue et pleine d’humour», explique Mme Nold, qui travaille à l’École-club depuis 20 ans maintenant. «L’idée est de familiariser les participant-es avec la langue allemande et les règles du quotidien dans notre pays. Les élèves doivent oublier leur gêne à parler une langue qui n’est pas la leur. Ils doivent oser parler, même si toutes leurs phrases ne sont pas parfaites au niveau de la syntaxe et de la prononciation.» Dans la salle n° 431, on apprend l’allemand standard, parfois mâtiné d’un peu de suisse allemand.

Brigida Nold

En ce moment, les élèves s’amusent beaucoup à prononcer «es bitzeli», qui signifie «un peu» en dialecte, raconte l’enseignante. Je ne vais certainement pas les corriger et les obliger à dire «ein bisschen», qui serait la version correcte en allemand standard.

Brigida Nold enseignante, l’École-club Migros

Souvent, les élèves font part de leurs succès du quotidien. Une mère a ainsi récemment raconté sa visite à l’école de sa fille. L’objectif était de s’entretenir avec la maîtresse et d’obtenir une journée «joker», un jour d’absence pour prolonger les vacances de l’écolière. «Autrefois, avec la barrière de la langue, elle n’aurait pas osé s’y rendre non accompagnée, explique Brigida Nold. Mais cette fois, elle y est parvenue toute seule parce qu’elle a pris confiance en elle.»

Une expérience de vie particulière

Pareils récits font chaud au cœur de l’enseignante. D’une manière générale, les contacts avec les élèves sont une grande source d’enrichissement pour elle: «De prime abord, ils paraissent très différents, et pourtant une chose les réunit tous: leur extrême motivation et leur ténacité, ils ne se laissent pas décourager par les échecs et sont déterminés à apprendre.» 

Peut-être le parcours de ces migrant-es y est-il pour quelque chose: ils ont en effet quitté leur pays d’origine et dû surmonter de grandes difficultés à cette occasion. Il leur a fallu prendre de nombreux chemins de traverse, sans jamais pouvoir reprendre haleine. Brigida Nold aime particulièrement se remémorer une surprise que lui a faite un jour un élève: au retour d’une pause de 15 minutes l’attendait un magnifique champ de fleurs que le jeune Italien venait de dessiner au tableau. Il voulait ainsi faire passer un message: grâce à tout ce qu’il apprenait dans le cours de Brigida Nold, il pouvait enfin s’épanouir, telles des fleurs qui éclosent.

La maîtrise de la langue, clé de l’intégration

Parler l’une des langues nationales permet de prendre part bien plus facilement à la vie sociale, culturelle et économique de notre pays et de bien mieux s’y impliquer. Une intégration réussie commence par la maîtrise de la langue. Le Secrétariat d'État aux migrations a développé un programme d’encouragement de l’intégration linguistique baptisé fide (l’abréviation de «français, italiano, Deutsch en Suisse»). L’École-club soutient ce programme suisse et propose des cours de langues suivant les principes qui y sont édictés. Elle forme en outre des enseignant-es dans le domaine de l’intégration.

Vous trouverez ici de plus amples informations.

L’École-club Migros fait partie de l’offre de formation du Pour-cent culturel Migros, qui vise également à promouvoir la cohésion sociale dans les domaines de la culture, de la société, des loisirs et de l’économie.

Photo/scène: Roger Hofstetter