22% des filles et 8% des garçons subissent au moins une agression sexuelle avec contact physique jusqu’en classe de neuvième. Telle est la conclusion de l’étude Optimus menée en 2012 auprès de plus de 6000 jeunes. Près de 40% des cas impliquent des jeunes du même âge. Il n’existe aucun recensement plus récent, même si le nombre de cas signalés augmente. Les experts l’attribuent au fait que les personnes concernées oseraient davantage dénoncer les abus.
Abus? Trois questions se posent
Quand s’agit-il d’abus et quand est-ce seulement l’effet d’un comportement maladroit? La palette des possibilités est large: sifflements, contact physique non souhaité, compliments, regards furtifs et sentiments communiqués.
Trois questions aident à faire le point: les personnes concernées choisissent-elles d’être dans cette situation? Ont-elles leur mot à dire pour exprimer clairement leurs intérêts? Y-a-t-il une issue simple? Si toutes les questions se soldent par un «oui», la situation est -consensuelle. Par contre, avec trois «non», il s’agit d’un abus. Les experts parlent de la règle Choice-Voice-Exit (Choisir-Parler-Partir).
Exemple 1
Les filles jouent à Action ou Vérité. Quand arrive le tour de Ronja, elle a pour mission de toucher les fesses de Sebastian. Sans trop réfléchir, Ronja passe dans la pièce voisine et saisit le derrière de Sebastian.
Analyse: Il s’agit d’un abus. Sebastian est pris par surprise et n’a ni le choix, ni la parole, ni échappatoire.
Exemple 2
Lukas et Francesco se rencontrent à une fête et discutent. Leurs amis ne cessent de crier: «Embrassez-vous!» La situation énerve Lukas qui ne veut pas être ridiculisé. Francesco trouve que Lukas ne devrait pas faire tant de manières et se penche vers lui.
Analyse: Un comportement abusif: Lukas a clairement fait savoir qu’il ne voulait pas, mais il n’a pas été écouté. Il n’a eu ni choix ni échappatoire à cause de la pression du groupe qui s’est ajoutée à la situation
Exemple 3
Ümit rencontre Emine à une soirée. Après une courte conversation, Ümit passe son bras autour d’Emine. Elle sourit, se retire lentement de l’étreinte et va discuter avec une autre personne.
Analyse: Pas d’abus. Emine a mis elle-même un terme à la situation: elle s’est exprimée (expression du visage), a fait son choix et s’est en allée.
Conseil: si l’on se trouve dans une situation inconfortable avec quelqu’un et que les réponses aux trois questions sont mitigées, mieux vaut mettre un terme à la situation ou trouver un consensus, par exemple en demandant: «Et si nous faisions autre chose?»
Exemple 4
Romi (7 ans) rend visite à son oncle avec ses parents. Son père lui dit: «Fais un bisou à ton oncle.» Romi ne veut pas et se cache derrière son père qui insiste: «Vas-y ou ton oncle va penser que tu ne l’aimes pas!» Hésitante, Romi s’avance vers son oncle et l’embrasse.
Analyse: La situation est abusive. Romi n’a eu ni la parole, ni le choix, ni d’autre issue.
Le projet oui, non, peut-être sert à la prévention des agressions sexuelles chez les jeunes de 11 à 18 ans. Il se concentre sur les stéréotypes de genre et sur le consentement. L’atelier est proposé gratuitement jusqu’à mi-2022. Le projet est soutenu financièrement par le Pour-cent culturel Migros. Toutes les infos sur janeinvielleicht.ch
Ce que les jeunes doivent savoir
On parle d’agression sexuelle dès lors que quelqu’un raconte des blagues obscènes ou montre des images pornographiques contre ta volonté. La violence sexuelle se définit par un contact physique sans ton consentement.
- Plus d’informations et de conseils pour te protéger: www.feel-ok.ch (plateforme dédiée à la santé des jeunes)
- Fais confiance à ce que tu ressens: si tu estimes qu’une situation n’est pas correcte, tu dois réagir.
- Ne laisse personne te forcer: même si tu as déjà dit «oui» par le passé, tu peux toujours dire «non».
- Si tu es témoin de violence sexuelle: ne détourne pas le regard. Analyse la situation. Viens en aide à la personne concernée, sans te mettre en danger, sinon vas chercher de l’aide.
- Si tu as été victime d’agression ou de violence sexuelle, tu dois savoir que tu n’y es pour rien.
Ce que les parents peuvent faire
En prévention
- Discuter d’exemples au quotidien: «C’est allé trop loin pour toi? Quel a été ton ressenti par rapport à la situation?»
- Sensibiliser les jeunes aux limites: par exemple, s’ils entendent souvent que c’est un compliment de se faire siffler, ils ne peuvent plus se fier à leur perception («je ne me suis pas senti à l’aise»).
En réaction si quelque chose s’est passé
- Écouter et poser des questions calmement: que s’est-il passé? Quand ça s’est passé? Où ça s’est passé? Qu’est-ce qu’il/elle a fait?
- Renforcer la confiance: par exemple: «Merci de m’en avoir parlé. Je te crois.»
- Donner une réponse factuelle: les jeunes se sentent rassurés quand ils entendent qu’on serait immédiatement intervenu si on avait été présent.
- Ne faire aucun reproche: pour les jeunes concernés, il est déjà très difficile de s’adresser à un adulte.
- Communiquer l’ordre et la sécurité: informer son enfant des prochaines étapes afin de le protéger, lui et d’autres, d’éventuels abus.
Illustrations: Katrin Wolff
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