En-tête

La briseuse de glace

Texte

Marlies Seifert

Paru

28.12.2023

Lara Stalder

Lara Stalder ouvre la voie au hockey sur glace féminin en Suisse. Son objectif: que les garçons ne soient plus seuls à pouvoir rêver d’une carrière pro.

Deux étages séparent la professionnelle du marketing de la joueuse de hockey Lara Stalder: le matin, la jeune femme de 29 ans travaille dans les bureaux de l’EV Zoug. À 14 heures, elle ferme son ordinateur portable et descend les escaliers qui mènent au vestiaire – au vestiaire des filles, pour être précis. «C’est l’une des premières choses que j’ai pu inaugurer dans mon nouveau travail.» Un lieu spécialement dédié à l’équipe féminine, où les joueuses peuvent se préparer, se retirer et se sentir chez elles. La mise à disposition d’un tel endroit n’est pas une évidence dans le hockey suisse: en général, les femmes doivent se contenter d’occuper un vestiaire public. En outre, ce n’est que lorsque les hommes ont terminé leur propre journée que l’entraînement commence pour elles. «J’ai connu tout autre chose en Suède», raconte Lara Stalder.

Pendant six ans, elle a joué en tant que semi-professionnelle dans la première ligue scandinave. «En matière d’égalité, nous sommes très en retard en Suisse», dit-elle. Son ambition: remédier à cette situation. «Je suis une personne qui remet beaucoup de choses en question. Ça me dérange quand on agit d’une certaine manière simplement parce que ça fait 50 ans qu’on fait comme ça.» C’est pourquoi elle a importé le «modèle suédois» en Suisse: toutes les hockeyeuses sur glace de l’EV Zoug sont employées à 40% par le club en tant que joueuses professionnelles. «Bien sûr, nous devons encore travailler à côté et beaucoup sont encore en formation.» Malgré tout, il leur reste plus de temps pour le sport. En s’engageant dans son propre pays, la Lucernoise réalise un rêve. «Si je n’avais pas eu cette possibilité, je serais probablement restée quelques années de plus à l’étranger», affirme-t-elle.

Lara Stalder

Je suis une personne de défi, je cherche à me challenger.

Lara Stalder, joueuse de hockey

Une pionnière a besoin de faire des pauses 

Après dix ans passés à l’étranger – avant la Suède, Lara Stalder a vécu aux États-Unis –, le retour au pays a été «spécial», dit-elle. «Je me suis sentie comme une touriste dans mon propre pays, j’étais émerveillée de la beauté de la Suisse et j’ai profité de l’été.» Mais en même temps, tout a changé pour elle: elle a eu de nouvelles coéquipières, un nouveau travail, un nouvel appartement. «Rien que déménager a été un sacré boulot!», se souvient-elle. Après une phase de «lune de miel», comme elle l’appelle, la réalité l’a finalement rattrapée. «Ça m’a fait trop. J’ai eu besoin de faire une pause.» Encore récemment, elle s’est imposé d’arrêter une semaine.  

Il n’est pas facile pour cette sportive pur-sang de réfréner ses ambitions. «Je suis une personne de défi, je cherche à me challenger. Si je pouvais, je serais de tous les projets pour faire mes preuves.» Famille et ami-es l’aident à s’ancrer. Fière de son rôle de marraine, elle passe beaucoup de temps avec sa petite nièce et joue de la trompette dans un groupe de guggenmusik. «Quand il y a quelque chose à fêter, il m’arrive de trinquer avec les autres. Même si le sport passe avant tout, il faut trouver un équilibre.» Avec le temps, elle a appris qu’on ne peut faire œuvre de pionnière qu’avec des batteries pleines

Championnat du monde de hockey sur glace féminin des moins de 18 ans

Du 6 au 14 janvier, la Bossard Arena de Zoug accueillera le championnat du monde de hockey sur glace féminin des moins de 18 ans. Dans le hockey féminin, cette classe d’âge est la première occasion de se mesurer à l’échelle internationale. Huit équipes nationales de première ligue disputent un total de 22 matchs.

Ce tournoi est soutenu par le Pour-cent culturel Migros.

 

Un modèle féminin

C’est au stade que Lara Stalder reçoit sa récompense: «Beaucoup de filles veulent me taper dans les mains quand j’arrive sur la patinoire ou demandent des autographes. Elles me voient comme leur modèle. C’est là que je me rends compte que je peux vraiment changer les choses.» Elle-même est montée sur la glace pour la première fois à l’âge de cinq ans. Jusqu’à ses dix-huit ans, elle s’est entraînée avec les garçons. «Jouer des coudes m’a rendue plus forte, mais pour d’autres filles, ça a pu leur faire peur et elles ont arrêté à cause de ça.» 

Promouvoir la relève féminine est un rôle qui tient particulièrement à cœur à la capitaine de l’équipe nationale suisse de hockey sur glace. Actuellement, elle s’occupe de préparer le championnat du monde de hockey sur glace féminin des moins de 18 ans, qui aura lieu en janvier dans la Bossard Arena de Zoug (voir à droite). «Pouvoir accompagner des jeunes femmes sur ce chemin est extrêmement gratifiant. Je me souviens encore de l’excitation que m’a procurée ma première Coupe du monde.» – un championnat qui a marqué le coup d’envoi de sa carrière internationale. «En Suède, j’ai finalement pu jouer devant 7500 spectateurs et spectatrices. Mon objectif est de pouvoir permettre un jour de faire vivre cette expérience aux jeunes femmes qui jouent au hockey en Suisse.»

Photo/scène: Nik Hunger

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