Steps: Danser comme si c’était la dernière fois
Dans le cadre du festival Steps, le Ballet national de Marseille présentera «Room with a View», une pièce chorégraphique spectaculaire aux allures de fin du monde. Nathan Gombert,l’un des danseurs, nous dit en quoi cette œuvre est porteuse d’espoir.
Nathan Gombert, à quoi le spectateur doit-il s’attendre en venant voir «Room with a View»?
C’est une pièce puissante qui évoque les effondrements de la société, que ce soit la crise climatique ou la findu patriarcat. C’est un peu une vision de fin du monde, du moins dans la première partie. Car durant la seconde partie se dégage une énergie de groupe – celle de la survie, celle qui permet de reconstruire ensemble quelque chose d’humain.
Quelle est pour vous la plus grande particularité de cette pièce?
La chorégraphie est très exigeante au niveau cardio. Mais le propos est tel qu’il nous porte et on oublie l’effort à fournir. Par ailleurs, le compositeur Rone a imaginé une musique électro très cinématographique et fédérative qui fixe l’univers de (La)Horde, le collectif qui a imaginé la pièce. Pour moi, «Room with a View» se voit comme un film.
Vous avez déjà dansé en France de nombreuses fois cette chorégraphie. N’est-ce pas répétitif?
Une tournée peut sembler répétitive, mais cette pièce me procure toujours beaucoup de plaisir. À la fin de la pièce, les lumières s’allument dans la salle et on voit le public. Les gens sont très émus. Certains pleurent. C’est un échange incroyable, qui me recharge à chaque fois. Cette émotion peut s’expliquer par le fait que, sur scène, (La)Horde a voulu représenter un maximum de gens. Tout le monde doit pouvoir s’identifier à l’un des danseurs, qui sont âgés de 18 à 45 ans et représentent beaucoup de nationalités.
Vous êtes Français mais êtes venu vous former au Ballet Junior de Genève. Pourquoi ce choix?
Je voulais étudier à Genève, car l’école jouit d’une bonne réputation. Durant mes trois ans de formation, j’ai pume trouver en tant que danseuren pratiquant de nombreux styles: conceptuel, néoclassique, contemporain, etc. Cela m’a permis de cibler ce que je voulais faire.
Pour moi, Room with a View se voit comme un film.
Nathan Gombert danseur du Ballet national de Marseille
- Et aussi au programme
Avec les diplômés Migros de danse sur scène
La compagnie belge Needacompany présentera «Probabilities of Independent Events», une pièce qui transforme la scène en une fête déjantée où l’on danse sur des musiques de Frank Zappa et Queen entre autres. La particularité du spectacle réside aussi dans la troupe elle-même. À l’occasion de Steps, elle intègre une dizaine de diplômés de la haute école de danse contemporaine et urbaine (HF ZUB), part de la Tanzwerk 101 de Zurich gérée par Migros. Cette formation exigeante donne aux danseuses et danseurs la possibilité d’explorer de nombreuses facettes de leur art, sous la houlette de chorégraphes suisses et étrangers, et de tisser des liens avec d’autres disciplines artistiques. - Une salle en transe
Entre hip-hop et danse contemporaine, le chorégraphe Fouad Boussouf rend hommage à ses origines marocaines en intégrant des éléments de danses traditionnelles à ses créations. Avec sa compagnie Massala et des musiciens sur scène, il présentera «Oüm», un mariage de danse, poésieet improvisation qui promet de mettre la salle en état de transe. - 3 en 1
«Portraits in Otherness» se présente comme un triptyque, soit trois différentes pièces dans lesquelles un danseur évolue seul sur scène. Dans son solo, la Lausannoise d’adoption Mamu Tshi plongerales spectateurs dans le monde du krump, cette danse de rue née dans les ghettos de Los Angeles et qui se veut aussi libératrice que jubilatoire. - Tous à l’hôtel
Oubliez le chemin de la salle de spectacle. Mirjam Gurtner présentera sa chorégraphie «Almost Home» dans des hôtels. Ces lieux de passage par excellence permettent notamment de questionner les frontières entre privée et vie publique. Surtout, ces espaces permettront au public de vivre une expérience peu commune. Car les danseurs de l’association Tanzflug sont disséminés en divers endroits des hôtels. Aux spectateurs donc d’évoluer librement dans le lobby, les couloirs ou des chambres pour assister à la performance.
A voir à Zurich et Genève. - Danser la vie
Assister à une chorégraphie dansée par des personnes en personne de handicap peut se révéler perturbant. A la gêne des débuts doit pourtant se substituer une réflexion portant sur la place que l’on veut bien donner aux personnes différentes dans nos vies. C’est ce que fait la chorégraphe Annie Hanauer, qui évolue sur scène avec une danseuse atteinte de polio et un danseur malvoyant dans «A space for all our tomorrows», une pièce qui parle très justement d’utopie.
A voir à Delémont, Genève, Lucerne, Soleure, Zurich, Saint-Gall et La Chaux-de-Fonds. - Une question d’équilibre
Crise sanitaire et climatique, guerre… Jamais notre monde n’a paru aussi chahuté. Cette instabilité, on la retrouve sur la scène accueillant les danseurs et marionnettes grandeur nature de la pièce «Wonderful World». En effet, le plateau s’incline en fonction des moindres mouvements de la compagnie. Une idée un peu folle née d’une prestigieuse collaboration où l’on retrouve le chorégraphe-designer-décorateur Kinsun Chan et le performeur-scénographe-circassien Martin Zimmermann, deux très grands noms de la danse contemporaine.
A voir à Saint-Gall, Baden, Sierre, Delémont, Bâle, Berne et Winterthur.
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