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Vivre plus sainement?

Vivre plus sainement?

«On peut connaître un tas de monde et quand même être seul-e»

La solitude touche plus d’un tiers de la population suisse. Ce n’est pas seulement un problème d’ordre privé; cette souffrance a aussi des conséquences sur la santé. Une experte explique ce que l’on peut faire pour la vaincre.

Les Suissesses et les Suisses souffrent-ils de solitude?

Hilde Schäffler: La solitude est très répandue. Les enquêtes montrent que plus d’un tiers des personnes interrogées déclarent souffrir parfois, souvent ou très souvent de solitude. Il est possible qu’il y en ait même encore plus.

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La solitude est synonyme de stress. Bien qu’on n’en parle presque jamais, il faut savoir qu’elle coûte plus d’années de vie que le tabagisme ou l’obésité.
Dr phil. Hilde Schäffler, sociologue, spécialiste de la solitude.

Les gens ont-ils du mal à admettre leur solitude?

Oui, c’est un sujet honteux. La solitude est associée à l’échec social. Les personnes qui n’ont pas d’ami-es se sentent souvent inférieures. Cependant, il est faux de penser que seuls les gens «bizarres» sont concernés. La solitude peut toucher tout le monde.

Dans quelles situations le danger est-il particulièrement grand?

Par exemple après des coups du sort tels que des décès dans la famille, des maladies ou des accidents. Si une personne se casse le pied, elle reçoit généralement plus d’attention et de soins pendant un certain temps. En revanche, dans le cas d’une maladie chronique longue, les personnes de l’entourage sont souvent de moins en moins présentes, car elles sont dépassées et la situation est pesante pour elles. C’est particulièrement difficile avec les maladies psychiques telles que la dépression. De nombreuses personnes souffrant de ces maladies se retrouvent de plus en plus seules, ce qui aggrave leur état.

La solitude est probablement aussi très répandue chez les personnes âgées?

Oui, le risque augmente lorsque les enfants déménagent, que l’on prend sa retraite, que la ou le partenaire de vie meurt et que le cercle de connaissances se réduit de plus en plus. Après 75 ans surtout, beaucoup sont aussi physiquement moins mobiles et moins capables de participer à la vie sociale. À cet âge, la courbe de la solitude augmente donc sensiblement. Mais de nombreuses et nombreux jeunes se sentent également seul-es.

Qu’est-ce qui entraîne un sentiment de solitude chez les jeunes?

Le groupe particulièrement touché est celui des 18-24 ans. Alors que les personnes plus âgées sont déjà plus habituées à être seules, les jeunes souffrent davantage de cette situation. De plus, cette phase de la vie est généralement associée au fait de vivre des soirées endiablées et d’avoir une vie sociale active. Si l’on ne peut pas suivre le rythme, on se sent alors rapidement exclu-e. Mais même les personnes ayant de nombreux contacts peuvent se sentir seules.

Seul-e dans la foule?

Tout à fait. Le nombre de connaissances d’une personne ne dit pas grand-chose sur le sentiment qu’elle a d’être bien intégrée ou connectée aux autres. On peut connaître un tas de monde et quand même être seul-e. Deux ou trois personnes de confiance avec lesquelles on peut parler de choses essentielles sont plus importantes que de nombreux contacts superficiels.

(Voir suite ci-dessous...)

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Y a-t-il des différences entre les sexes?

Oui: les femmes souffrent plus souvent de solitude, bien qu’elles entretiennent généralement plus de relations que les hommes. Mais elles ont aussi besoin de plus. Et ce sont plus souvent les femmes qui survivent à leur partenaire que l’inverse. Par contre, les hommes plus âgés sont souvent très attachés à leur femme. Quand celle-ci disparaît, ils peuvent aussi se sentir très seuls.

Les Suissesses et les Suisses n’ont pas exactement la réputation d’être un peuple sociable. Les personnes venant des pays du Sud, où le sens de la famille est plus développé, se sentent peut-être moins seules?

Non, ce n’est pas le cas. Au contraire, il y a un véritable risque chez les personnes issues de la migration – surtout chez la première génération, mais aussi chez les secondos. Nombre de ces personnes sont bien connectées socialement dans leur propre communauté, mais ne sont pas vraiment encore intégrées en Suisse. Cet effet est observé aussi chez les personnes ayant des racines italiennes.

De nombreuses et nombreux germanophones éprouvent également des difficultés à s’établir en Suisse. Quelle est votre propre expérience à ce sujet?

J’ai déjà changé plusieurs fois de lieu de résidence en Autriche et j’ai également vécu en Angleterre et en Australie. Je suis arrivée à Berne il y a bien 12 ans. Pour être honnête, je n’ai jamais eu autant de difficultés qu’ici à nouer de nouvelles amitiés.

L’être humain a-t-il vraiment besoin de relations étroites avec d’autres personnes ou peut-il s’habituer à être seul?

Nous sommes des êtres sociaux par nature. Dans le passé, nous n’aurions pas pu survivre sans un groupe. Il y a bien des gens qui se séparent consciemment de la société – les ermites, par exemple. Mais c’est là aussi quelque chose qui se produit par rapport aux autres: ils se définissent par le fait de prendre leurs distances. Et ils recherchent l’isolement pour des raisons spirituelles. C’est une chose bien différente que d’être involontairement seul-e.

Est-ce que «seul-e» veut forcément dire «isolé-e»?

Non, ce n’est pas la même chose. De nombreuses personnes ont également besoin de moments où elles sont seules et peuvent profiter de leur tranquillité – mais toujours en sachant qu’elles entretiennent des liens au sein de leur couple ou de leur cercle d’ami-es. La souffrance subjective survient lorsque l’on se sent exclu-e et qu’un manque de connexion avec les autres se fait sentir.

Comment la solitude affecte-t-elle la santé?

Des études montrent que les personnes seules souffrent plus souvent de troubles du sommeil, de symptômes dépressifs et de maux de dos. Même le cancer, les infarctus, les accidents vasculaires cérébraux et la démence sont plus fréquents. La solitude est synonyme de stress. Bien qu’on n’en parle presque jamais, il faut savoir qu’elle coûte plus d’années de vie que le tabagisme ou l’obésité.

Que peut-on faire contre la solitude?

Le mieux est de faire attention à ne pas se retrouver dans une telle situation dès le départ. Une personne qui se rend compte qu’elle n’aime pas vivre seule devrait envisager en temps utile une situation de vie en communauté. Il est également important de rester active ou actif, de maintenir des activités de loisirs, de faire partie d’un club, de s’engager bénévolement et de ne pas laisser les amitiés s’étioler.

(Voir suite ci-dessous...)

Il est plus difficile de trouver le moyen de sortir de la solitude?

Oui, surtout pour les personnes âgées. Il existe de nombreuses offres intéressantes pour renouer le contact avec les autres: repas de midi pris en commun, randonnées en groupe, cours de gymnastique ou bals dansants. Mais les personnes qui ont été seules pendant longtemps se révèlent souvent quelque peu maladroites dans les interactions sociales. Il se peut par exemple qu’elles parlent trop lorsqu’elles en ont l’occasion, et qu’elles ne parlent que d’elles-mêmes au lieu d’également écouter. Les autres prennent alors rapidement leurs distances et l’expérience négative affaiblit la confiance en soi.

Qu’est-ce qui peut aider ces personnes?

Pour sortir de la solitude, il peut d’abord être nécessaire d’accepter cet état et de faire la paix avec. La méditation de pleine conscience peut être utile. On peut trouver des instructions sur Internet ou sur des applications de smartphone. Toutefois, l’objectif ne doit pas être de rester dans la solitude, mais de s’y confronter, de devenir plus patient-e et de ne pas se mettre sous pression.

Les personnes seules souffrent-elles davantage en hiver et pendant les fêtes de fin d’année?

Durant cette période, les occasions de rencontres spontanées sont moins nombreuses, car nous nous réfugions toutes et tous au chaud dans nos quatre murs. Et lorsque les autres passent du temps en famille pour les fêtes, on se sent généralement plus déprimé-e quand on est seul-e.

Comment peut-on apporter son aide lorsqu’on remarque qu’une personne du voisinage est très seule?

On peut aborder le sujet avec elle. Pour beaucoup, cela fait du bien de pouvoir s’exprimer sur sa solitude. On peut lui dire qu’il existe des offres pour avoir des contacts. Mais il se peut aussi que la personne rejette notre aide. Et il est important d’avoir conscience de ses propres limites: aborder quelqu’un au sujet de la solitude ne signifie pas que l’on doit se charger de résoudre le problème.

de Andrea Söldi,

publié le 18.11.2021

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