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Des algorithmes aux voyages en train

Texte

Lea Müller

Paru

18.03.2021

Illustration d'une ampoule électrique qui décolle dans le ciel comme une fusée

Encourager les jeunes à prendre part aux processus politiques, généraliser les voyages respectueux de l’environnement, contribuer avec des start-up à la réalisation de l’Agenda 2030 et rendre transparents les processus décisionnels des algorithmes… Ces quatre objectifs sont très différents, mais portent une vision commune: celle d’une société responsable qui réfléchit à ses actions et tient compte des générations futures et des ressources planétaires. Avec Discuss it, SimpleTrain, Twiliner, Geneva ImpACTs et AlgorithmWatch Suisse, de nouveaux projets prometteurs ont été lancés grâce au Fonds pionnier Migros.


Les idées de changements sociétaux positifs apparaissent parfois en un éclair, allument des étincelles d’enthousiasme et continuent à briller dans les esprits pendant une période plus ou moins longue. Mais, à cet instant, rien n’est encore fait. Car pour concrétiser ces idées et les mettre en orbite pour longtemps, il faut être capable de passer à l’action, faire preuve de dynamisme et avoir l’énergie de s’accrocher. Derniers points et pas des moindres: un business plan viable et le financement de démarrage nécessaire font également partie des prérequis. En moyenne, dix à douze nouveaux projets font chaque année leur entrée dans le portfolio du Fonds pionnier Migros. Nous vous en présentons ici cinq qui ont démarré récemment:

Les allergiques à la politique n’ont qu’à bien se tenir

L’équipe de Discuss it apporte avec elle une bonne dose d’élan et d’enthousiasme. L’association à but non lucratif s’engage bénévolement pour renforcer les valeurs démocratiques de base, en suscitant l’intérêt des jeunes pour la politique et la participation politique le plus tôt possible, afin que les jeunes puissent prendre part aux décisions au lieu de laisser les autres décider pour eux.

Photo de groupe montrant les 4 membres de l’équipe opérationnelle du projet Discuss it

L’équipe opérationnelle du projet Discuss it: Isabelle Ruckli, développement et partenariats; Sven Egloff, recrutement et organisation; Raffael von Arx, offre et mise en réseau; et Melanie Studerus, communication et informatique (de gauche à droite). (Photo: màd)

Pour atteindre aussi les jeunes réticents à la politique, Discuss it se rend directement dans les écoles secondaires et professionnelles suisses. Au cours des trois dernières années, les quelque cinquante membres ont déjà organisé plus de 150 événements sur des sujets politiques d’actualité, des votations et des élections. «Avec les événements organisés dans les écoles, nous voulons rendre la politique plus concrète, présenter différentes perspectives et impliquer activement les jeunes», explique Pascal Spähni, fondateur de Discuss it.

Avec l’appui du Fonds pionnier Migros, l’offre de Discuss it sera à présent professionnalisée et étendue à toute la Suisse. Une équipe de projet composée de quatre personnes a endossé la direction opérationnelle et s’occupe de promouvoir le développement des structures de l’association et des équipes régionales. «Nous nous réjouissons de rencontrer de nouvelles personnes, institutions et régions avec lesquelles nous pourrons partager notre enthousiasme pour la participation politique des jeunes», déclare Melanie Studerus, responsable de projet communication et informatique de Discuss it.

Voyager durablement par le rail

L’équipe de SimpleTrain veut aussi susciter l’enthousiasme. Pour le voyage durable. Ce projet pionnier vise à montrer que voyager en train peut être facile et agréable, même pour des destinations plus lointaines. «Pour moi, les voyages en train en Europe ont toujours été le moyen le plus agréable et le moins cher pour découvrir de nouvelles destinations», déclare Marius Portmann, qui a lancé SimpleTrain avec Austin Widmer et Linus Egli. Cependant, en observant leur entourage, les étudiants ont constaté que le temps nécessaire pour trouver les liaisons ferroviaires les meilleures et les moins coûteuses à l’étranger est un obstacle (trop) important pour beaucoup de gens et que l’inspiration pour les voyages en train fait défaut.

Photo de groupe de l’équipe du projet pionnier SimpleTrain, prise dans un hall de gare

L’équipe du projet pionnier SimpleTrain: Saskia Bilang, Austin Widmer, Marius Portmann, Karin Hugentobler et Linus Egli (de gauche à droite). (Photo: Sascha Deboni)

C’est là que SimpleTrain entre en scène: grâce au Fonds pionnier Migros, le projet pionnier mise sur une plateforme centrale qui offre des conseils de voyage et un service de réservation. Les voyageurs pourront ainsi acheter des billets de train pour les liaisons les plus rapides et les moins chères à destination de tous les pays européens. De cette façon, SimpleTrain espère faciliter la transition vers une façon de voyager plus respectueuse de l’environnement. Marius Portmann espère que le projet pourra démarrer à plein régime comme prévu cette année, malgré le coronavirus et les éventuelles restrictions de voyage. Le lancement de la plateforme est prévu pour début avril.

Le bus de nuit du futur

Le projet pionnier Twiliner a également pour but de contribuer à promouvoir le voyage durable en Europe. L’équipe du projet ne se focalise toutefois pas sur les voyages en train, mais cherche à mettre en circulation le «bus de nuit du futur». Ce dernier devrait être implanté partout où il n’existe actuellement pas d’alternatives écologiques, par exemple, lorsqu’il n’y a pas de liaisons ferroviaires de nuit. «Nous sommes persuadés que les gens veulent de plus en plus rester au sol. Pour eux, pour l’environnement et pour la génération de demain», déclare Luca Bortolani, le responsable de projet.

L’équipe du projet n’en est pour l’instant qu’à ses débuts, car l’élément central du bus – des sièges confortables avec la possibilité d’être inclinés et qui répondent aux directives européennes en matière de sécurité – n’existe pas encore. Ils doivent tout d’abord être conçus, puis approuvés par les autorités compétentes. Une première étape devrait être atteinte d’ici la fin de l’année, selon Luca Bortolani: «d’ici là, nous aimerions concevoir un siège confortable qui puisse se transformer en un lit douillet.»

Photo d’Ivan Mele (à gauche) et de Luca Bortolani (équipe principale du projet pionnier Twiliner) devant un ordinateur portable

Ivan Mele (à gauche) et Luca Bortolani du projet pionnier Twiliner. (Photo: màd)

L’Agenda 2030: première priorité dans l’agenda

Il y a quelques semaines, Geneva impACTs a fêté le lancement de son nouveau site Internet. L’initiative du Think-und-Do-Tank Geneva Macro Labs est l’un des projets les plus récents dans le domaine «Innovation collaborative» du Fonds pionnier Migros. Elle repose en effet sur la mise en relation de divers acteurs et actrices, c’est-à-dire sur la promotion de la collaboration plutôt que de la concurrence.

Geneva impACTs souhaite contribuer à la réalisation (au moins partielle) des 17 objectifs globaux de développement durable de l’Agenda 2030. «Nous voulons faire des objectifs de développement durable une ligne directrice et une composante fixe de l’innovation et de la promotion – également et surtout dans le domaine des start-up», explique Renate Guenther, responsable du développement commercial du projet Geneva ImpACTs.

Photo de groupe de l’équipe de projet de Geneva impACTs, sur une estrade

L’équipe du projet de Geneva impACTs: Dr Ekkehard Ernst, président du Geneva Macro Labs; Jörn Erbguth, juridique et informatique; Renate Günther, business development; Robert Zapfel, direction du projet; et Dr Marianne Schörling, Stakeholder Engagement and Impact (de gauche à droite). (Photo: màd)

Concrètement, Geneva impACTs développe, en collaboration avec des spécialistes et des investisseurs et investisseuses, des concepts de projets qui contribuent directement aux objectifs de développement de l’ONU et assure leur financement. Ces projets sont ensuite proposés sur la scène des start-up. La première procédure pilote a été initiée en janvier avec un atelier sur le Design Thinking. Renate Guenther et son équipe sont heureux de se rapprocher petit à petit de leur vision commune: «Nous voulons montrer que la promotion des start-up peut être pensée et facilitée en harmonie avec les objectifs de l’Agenda 2030.» Une nouveauté qui devrait devenir la norme en Suisse.

Anna Mätzener, responsable du projet AlgorithmWatch Suisse

Anna Mätzener, responsable du projet AlgorithmWatch Suisse. (Photo: Julia Bornkessel)

Faire confiance aux algorithmes?

L’initiative AlgorithmWatch est également nouvelle en Suisse. À l’instar de son homologue allemand, AlgorithmWatch Suisse a été lancé l’automne dernier et a déjà largement attiré l’attention du public au cours de ses premiers mois. L’édition suisse de l’Automating Society Reports 2020 a été publiée en janvier. Cette dernière met en lumière le rôle que jouent dans nos vies les algorithmes, autrement dit les applications qui analysent automatiquement les données et préparent ou prennent des décisions. Sont également formulées des recommandations d’action pour les décideurs politiques, le secteur public et la société.

Nous voulons faire en sorte que les processus décisionnels algorithmiques soient équitables, inclusifs et non discriminatoires et que les responsables puissent être poursuivis.

AlgorithmWatch Suisse est convaincu qu’une société ne peut faire confiance aux processus décisionnels des algorithmes que si elle comprend comment ces derniers fonctionnent, quels sont les objectifs poursuivis avec eux et, surtout, si ces systèmes sont contrôlables. L’organisation s’engage donc pour une plus grande transparence et une meilleure réglementation. «Nous voulons faire en sorte que les processus décisionnels algorithmiques soient équitables, inclusifs et non discriminatoires et que les responsables puissent être poursuivis», explique la responsable de projet Anna Mätzener. AlgorithmWatch Suisse ne se contente pas d’analyser les processus décisionnels algorithmiques, il en explique également les effets pour la société à un large public.

Vous trouverez ici une vue d’ensemble des projets que le Fonds pionnier Migros rend possibles actuellement. Le portfolio est continuellement complété avec de nouveaux projets.

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